lundi 19 décembre 2011

L'évolution "accélérée" de Ray Kurzweil


Quand les nanotechnologies remplaceront les biotechnologies

Notre enquête nous l'a montré:l'évolutionnisme est un thème qui court dans nombres de secteurs de la vie quotidienne;et il en est un qui mérite un traitement particulier:c'est celui des technologies car l'évolution y présente un caractère nouveau et par là même inquiétant. L’évolution de la technique est dite «accélérée».Que faut-il comprendre par là ?Est-ce une formule,un slogan au goût du jour,ou bien cache-t-elle une réalité profonde?
Selon Kurzweil,les scientifiques doivent assigner un objectif à l'humanité qui est menacée par la pression malthusienne. Ce nouveau but collectif est nommé la «singularité» et le moyen de le réaliser:la convergence NBIC. Les méthodes des disciplines physiques sont la référence de la démarche des chercheurs engagés dans ce projet. C’est une vision scientiste du progrès de la société,devant inéluctablement produire une amplification de l'intelligence conduisant à une explosion des connaissances. Mais il est remarquable que les modèles développés par Kurzweil et son équipe démontrent que le taux d'adoption de nouvelles idées double tous les dix ans.


Le projet des «singularitariens»
Il est la conséquence logique d'une prémisse irréfutable:la loi du retour accéléré,parfaitement mis en évidence par des diagrammes en repères logarithmiques présentés par Ray Kurzweil. L’évolution technologique est en accélération constante ce qui a pour effet de nous fournir un environnement économique ainsi que des capacités de calcul inédits et adéquats pour comprendre:
  • la capacité de calcul du cerveau humain
  • le programme de l'intelligence humaine
De fait il devient possible de construire une intelligence artificielle,de l'implanter dans le réseau et à terme de copier le cerveau humain et de le télécharger dans ce nouveau type de machine. La «singularité» est alors présentée comme une nouvelle transcendance.
«La singularité»
«Nous permettra de vaincre des problèmes vieux comme l'humanité et d'amplifier de façon gigantesque la créativité humaine. Nous pourrons préserver et augmenter l'intelligence que l'évolution nous a donné tout en surmontant les limitations de notre évolution biologique. Mais la Singularité va aussi amplifier notre habileté à agir en suivant nos propres inclinaisons destructrices.» (Kurzweil)
La GNR
Convergence génétique-nanotechnologie-robotique.
L'analyse par Kurzweil du progrès technique met en évidence six époques de l'évolution:
  • 1ère époque:les structures atomiques contiennent de l'information
  • 2sd époque:l'ADN contient de l'information
  • 3ème époque:des modèles neuraux contiennent de l'information
  • 4ème époque:l'information se retrouve dans les modèles de programmes informatiques
  • 5ème époque:les méthodes de la biologie sont intégrées dans les bases technologiques humaines
  • 6ème époque:les modèles de matière et d'énergie présents dans l'univers sont saturés de processus intelligents et de connaissances.
Selon ce schémas nous connaissons actuellement les prémisses de la 5ème époque c'est à dire la fusion de la technologie humaine avec l'intelligence humaine. Cette époque débutera officiellement avec la «Singularité» lorsque la convergence GNR aura permis la substitution de la biotechnologie par la nanotechnologie et la robotique. Les machines auront acquis la possibilité de se reproduire et de s'améliorer elles-mêmes sans intervention humaine;elles bénéficieront alors de circuits moléculaires tridimensionnels extrêmement rapides. Les robots seront conçus au niveau moléculaire et se mesureront en microns. Ces nanorobots pourront interagir avec les neurones biologiques. Une fois que l'intelligence non-biologique aura pris pied dans le cerveau humain l'intelligence des machines dans notre cerveau continuera à croitre de façon exponentielle».(p.48)
La mise en œuvre de la convergence GNR
La convergence de la génétique-nanotechnologie-robotique sera réalisée grâce à un ensemble impressionnant d’innovations. Citons:
  1. L'approche méthodologique ascendante ('bottom-up') nouvelle démarche expérimentale caractérisant les nanotechnologies.
  2. L’ingénierie inverse du cerveau
L'ouvrage présente de longs développements sur le fonctionnement du cerveau tel qu'il est en train d'être étudié;nous y apprenons «que l'ADN est le nano-ordinateur organisé de la nature mais que celui-ci présente une limite […] il est impossible de les [SIMD] programmer pour des algorithmes à but général».Cette limitation dénote,encore une fois, la difficulté qu'il y a à filer avec précision la métaphore 'ADN=programme informatique'.Je reviens sur cette question dans le paragraphe suivant. Mais ce chapitre se poursuit par une présentation des capacités analytiques du cerveau humain jugées médiocres et facilement imitable en ce qui concerne les facultés de reconnaissance des motifs,de l'intellect et de l'intelligence émotionnelle:»il est raisonnable de s'attendre à ce que la capacité du cerveau humain,au moins en terme de capacité de calcul matériel,vaille un milliers de dollars [1000 $] d'ici 2020».La foi de l'auteur dans la rétro-ingénierie du cerveau le conduit à une conclusion très audacieuse:»l'ordinateur portable ultime fonctionnera avec l'équivalent du pouvoir du cerveau (?) de cinq trillions de trillions de civilisations humaines».J'ai rajouté le (?) car je ne sais pas ce qu'est le 'pouvoir du cerveau' en dehors de sa capacité à traiter l'information. 
  • La reconstruction du cerveau humain 'in silico'
  • Ayant posé que l'un des objectifs de la GNR était de télécharger le cerveau humain quelles pourraient être les principales étapes que les scientifiques choisissant cette voix de recherche vont mettre en oeuvre?Il s'agit ni plus ni moins que de comprendre le 'logiciel de l'intelligence humaine' en sorte de le réécrire. Il faut pour cela comprendre comment le cerveau utilise les processus holographiques chaotiques et auto-organisationnels pour traiter l’information. Mais il faut garder à l'idée que le cerveau n'est pas un ordinateur conventionnel et qu'il se distingue de ce dernier par plusieurs points:
    •  le retour synaptique et le temps de stabilisation d'un neurone sont lents (par rapport aux capacités des futurs machines) et sont massivement parallèles.
    •  le cerveau combine des phénomènes analogiques et digitaux
    •  le cerveau est capable de se 'recabler'
    •  la plupart des détails du cerveau sont aléatoires
    •  le cerveau utilise l'évolution;il est en plus holographique 
    • le cerveau a une architecture en régions
      Il faudra utiliser des nanorobots pour capturer le niveau de détails requis du cerveau en le scannant de l’intérieur. Cette technologie devrait être disponible en 2030.Il semble cependant que les neurones réagissent en formant des cellules gliales qui entourent les corps étrangers comme pour les neutraliser rendant impossible la connexion des implants.(p.210)
  • L'émergence des cyborgs et de l'humanité 2.0 conséquence de la thérapie génétique
  • Des propositions pour le pré positionnement d'un «système immunitaire» technologique (robots défenseurs) et abandon précis de certaines nanotechnologies. Ainsi le Foresight institute émet quatre types de réserve vis à vis de la convergence GNR:
  1. les réplicants [réplicateurs] artificiels ne doivent pas être capables de réplications dans un environnement naturel non contrôlé.
  2.  On décourage l'évolution dans le contexte d'un système de création auto-répliquant.
  3.   La conception de systèmes micro ou nanotechnologiques doit limiter la prolifération de façon systématique et permettre la traçabilité de tous les systèmes répliquant.
  4.  La distribution des capacités de développement moléculaires doivent être restreinte à des utilisateurs responsables ayant accepter de se conformer aux lignes de conduites. Le non-respect de ces restrictions engendre l'interruption du processus de développement.
Les concepts-clés de «l'évolutionnisme accéléré»
Des avancées dans le domaine de la biologie synthétique,de la génétique,de l'intelligence artificielle et de la robotique permettent de mieux caractériser ces disciplines les unes par rapport aux autres et de comprendre comment elles s'enrichissent mutuellement.
  • Les processus technologiques comme biologiques sont évolutionnairement en accélération et en inter-action par:
    1.  auto-assemblage:
    Cette question peut être vue par la biologie comme relevant de l'auto-organisation qui est un problème qui n'a pas encore trouver de solution définitive. Il peut cependant être reformulé schématiquement de la façon suivante:
  • soit le but pilote l'organisation du système;la vie est un processus téléonomique,elle est un scénario d'organisation
  •  soit un signal analogique émanant de l'environnement provoque l'organisation.
  •  Au laboratoire certaines structures chimiques présentent la caractéristique d'auto-assemblage:c'est le cas des nanotubes de carbone qui ouvrent des perspectives très intéressantes pour la fabrications de nouveaux types de microprocesseurs
  • invention de l'ARN par l'évolution:
    traitement de l'information biologique
    Ce point mérite d'être étudié car l'analogie code génétique=programme informatique ne revêt pas le caractère d'évidence que les technophiles de toutes tendances voudraient nous convaincre.  
    •  accélération des connaissances
Les réponses par anticipation aux critiques
L'ouvrage se termine par un chapitre intitulé 'réponse aux critiques'.C'est la méthode utilisée par le matérialisme éliminativiste:formuler les critiques «raisonnables» et y répondre. On évite de ce fait les critiques dérangeantes car il est très difficile,sinon impossible,d'évaluer le «système technique» dans sa globalité sans faire référence à des notions comme l'intention,les émotions,l'éthique. Ainsi les réponses par anticipations aux critiques sont-elles très denses et apportent-elles des compléments vraiment complexes. D’ailleurs R. Kurzweil a reçu douze doctorats honorifiques,c'est dire si les simples mortels que nous sommes aurions tord de formuler quelques objections que se soient. Donc concernant la pression malthusienne,seul semble résister l'argument consistant à avancer que «tout ce qui était humainement possible de faire,l'a été!» et qu'en conséquence il nous est désormais loisible de tenter une transformation en 'autre chose'.C'est désormais à discerner la nature de cette 'autre chose' qui devrait focaliser l'attention de plus en plus de monde. Peut-on imaginer une telle évolution dans un monde ou les addictions et la violence sont si présentes?
«La transformation sous-jacente à la Singularité n'est pas juste une longue série d'étapes de l'évolution biologique. Nous renversons totalement l'évolution biologique»
Ray Kurzweil (p.401)
Pour compléter:
Ministère du développement durable 2011





jeudi 17 novembre 2011

Enquête sur l'évolutionnisme (Fin)

 CONCLUSION A L'ENQUÊTE SUR L'ÉVOLUTIONNISME

Cette enquête tente de réunir plusieurs éclairages sur le phénomène d'évolution.Elle est un décodage de faits ou de procédés mis au jour par des spécialistes de nombreuses disciplines.
  1. Paradigmes évolutionnistes

Notre analyse impliquerait plutôt les sciences comportementales que le darwinisme historique car de nombreuses pratiques fondées soit sur des modalité de l'échange de biens soit sur des idéologies font référence explicitement aux comportements humains.Aussi pour conclure, j'élargirais la focale jusqu'aux frontières des sciences humaines en tentant de présenter brièvement quelques prises de position vis à vis de l'environnement,du saccage systématique des ressources naturelles et des conséquences de ces actions suicidaires pour notre évolution collective.
    1. Une science complexe

«Les objets naturels ne sont jamais isolés.Penser cette complexité est le prix à payer pour comprendre l'unité du monde sous la diversité des phénomènes»P. Acot (2003)
          1. Conséquences de cette 'rêgle'

Si les disciplines scientifique et techniques se sont fortement complexifiées et évoluent rapidement, il doit exister une tendance à la vulgarisation scientifique.Ce processus existe effectivement au sein de la communauté scientifique elle-même,produit par des disciplines complexes vers d'autres disciplines complexes . «Elle est nécessaire pour la fécondation croisée des savoirs et la transdisciplinarité[...]La vulgarisation des sciences dites «dures» vers les sciences humaines et sociales et inversement ou avec d'autres domaines de la culture vulgarisée participent aussi cette dynamique.» Wikipédia
          1. techniques de modélisation de l'évolution

Pour traiter des problèmes tels que le changement climatique,l'évolution de la biosphère ou les transformations d'une société,«il faut penser la transformation [...] au fil du temps comme les musiciens lisent une partition d'orchestre:...s'il est toujours possible de distinguer les éléments qui composent la partition,le sens profond de la musique ne surgit que par la simultanéité du jeu» (Pascal Acot 2003).
    1. La science des interactions

L'écologie en tant que discipline scientifique repose sur trois piliers;c'est la science qui étudie:




  • les conditions d'existence des êtres vivants
  • les interactions existant entre les êtres vivants
  • les écosystèmes ou interactions entre le vivant et milieu 
    La complexité est bien une caractéristiques de la biologie et la transdisciplinarité est au cœur des méthodes biologiques.Mais ce 'projet' n'a pas l'ambition,comme les sciences «
    dures»,de réécrire les régularités du monde mais de décrire par un discours particulier l'univers du vivant en présentant ces 'lois d'airin' et en organisant dans la durée les processus vitaux.

  •                         II .  Écologisme et évolution



    Nos considérations sur l'évolutionnisme nous ont donc rapproché de la nature mais dans son 'instanciation' évolutive c'est à dire de la biosphère et ses sous-ensembles:les éco-systèmes.Nous aborderons maintenant une évaluation de l'évolutionnisme dans sa dimension politique.
      1. Classification de l'écologisme

    Après des débuts difficiles pendant les années 60/70 du siècle dernier,les problématiques environnementalistes se sont fait une place dans l'actualité lorsque les politiques n'ont plus pu ignoré les dégradations subit par l'environnement et les conséquences désastreuses en terme de santé publique dues aux polluants.Nous vivons maintenant un temps fort de la philosophie de la Nature;pour beaucoup ceci se traduit par une opposition ou un choix binaire:l'Homme et ses valeurs contre la nature et ses différents constituants.Comme nous l'explique Stéphane Ferret deux métaphysiques sont confrontées:la traditionnelle métaphysique H,humaniste et anthropocentrisme pour qui la nature est une ressource qui doit être protégée pour la survie de tous,et la métaphysique non-H,non obnubilée par l'être humain ni dirigée contre l'humain,mais soucieuse de l'environnement et de tous les existants qui sont en interaction.Consécutivement l'auteur distingue quatre courants de pensée présents dans l'écologie politique:



  • l'écologie environnementaliste (de type H):la Terre doit être préservée parce que les ressources terrestres limitées sont destinées aux générations futures tout comme à la nôtre.
  • l'écologisme non-H de type 1:les animaux doivent être protégés en tant qu'être souffrants.
  • l'écologisme non-H de type 2:tous les êtres vivants représentent une valeur absolue et doivent par conséquent être protégés (éthique biocentrique)
  • l'écologisme non-H de type 3:la totalité et les interconnexions des éléments composants cette totalité sont la valeur suprême.

  •                         2.La démocratie représentative versus la démocratie écologique


    A l'époque durant laquelle les démocrates ont mis en place leurs constitutions le progrès voulait que les considérations sur l'intérêt général passent par une transformation de la nature:il s'agissait de maitriser 'la nature sauvage'.Comme l'écrit D.Bourg:la volonté de réprimer,contrôler ou transcender les caractéristiques 'naturelles' est inscrite dans la structure de pensée du gouvernement représentatif» (D.Bourg & K.Whiteside 2010).Les atteintes aux lois et cycles de la biosphère,le changement climatique,une chute drastique de la biodiversité,l'interférence des activité humaines avec les cycles de l'azote et du phosphore,la pollution de l'eau douces et des sols,l'acidification des océans,etc... même s'ils font désormais l'objet de débats ne sont pas très efficacement combatus.Il conviendrait donc d'enrichir les processus représentatifs,qui sont le cœur des démocraties,par l'intégration d'un ensemble de pratiques et d'institutions méta-représentatives afin de débusquer des préjugés mêlés aux témoignages des spécialistes,de contester les choix politiques inopportuns qui ne prennent pas suffisamment en compte les exigences de ceux qui n'ont pas de voix (les animaux,les plantes),de débattre de l'acceptabilité de certains risques.Déjà de multiples procédures ont testé une participation citoyenne:jurys citoyens,'conférence de consensus','forums hybrides'.

                            III.    Web sémantique et indicateurs environnementaux


    Le mode de développement n'a pas honoré ses promesses: aujourd'hui 40% de la richesse mondiale est détenue par 1% à 2% des habitants des pays les plus riches.«Détruire l'essentiel pour produire le superflu» tel pourrait être le slogan des nations industrialisées comme celles qui aspirent rapidement à le devenir au mépris de toutes considérations environnementales.Qu'est ce qui est acquis dans ce domaine?

      1. La complexité environnementale

  • Comment traiter les données environnementales ayant trait aux risques naturels et technologiques afin d'en extraire une information fiable et utile aux décideurs et aménageurs?Le problème se résume en l'élaboration d'indicateurs environnementaux porteurs de signification en terme de tendance.Ils doivent être durablement pertinents,cohérents et précis.De façon générale l'information environnementale est contenue dans des ressources d'information qui sont indexées par des métadonnées pour en faciliter le partage. Les métadonnées sont, dans le cadre du Web sémantique, des données signifiantes qui permettent de faciliter l'accès au contenu informationnel d'une ressource informatique,une notice de contenu intégrée en quelque sorte (dans l'en-tête des documents 'html' côté code source ou en tant que fichier 'xml' autonome par exemple).
      1. Ecoinformatique

  • «L'écoinformatique vise à une synthèse des sciences de l'environnement et des sciences de l'information qui définit les entités et processus des systèmes naturels dans un langage que les humains et les ordinateurs peuvent traiter wikipédia Actuellement les recherches portent surtout sur la représentation des connaissances environnementales pour les intégrer dans des systèmes expert.Dans un cadre de l' évolutionnisme les questions environnementales se posent en termes de structures de données afin de faciliter la mise en œuvre collective de solutions élégantes et performantes

  •                                        3.  Les structures du développement durable


    Il serait injuste,cependant,de laisser croire qu'en matière de protection de l'environnement et de développement durable tout se résume à des chiffres.De très nombreuses initiatives tant locales que nationales prouvent que les comportements changent;de complexes réseaux structurent les démarches environnementales.Nous développerons ce point important dans un futur 'post'.

    jeudi 13 octobre 2011

    Enquete sur l'évolutionnisme

    IV partie

    I. Les travaux scientifiques traditionnels

    1. Géomorphologie,paléoclimatologie et histoire du climat

    L'évolution telle que nous l'envisageons est un processus spatio-temporel;elle se déroule sur terre et ce depuis les premières formes de vie.Un certains nombres de disciplines des sciences de la terre interviennent pour complexifier notre tentative de représentation.Dans cette enquête nous devons faire référence à la théorie de la tectonique des plaques.Sur de très longues périodes,sur une échelle temporelle géologique et évolutionniste,le visage de la terre et les climats régionaux se transforment de façon considérable.Nous reproduisons trois cartes ( Géopédia )qui illustrent ce long processus.

    Visage de la terre il y a 400 millions d'années au dévonien


    Visage de la terre il y a 200 millions d'années au crétacé


    Visage de la terre dans 150 millions d'années

    On ne peut pas évoquer ce sujet sans souligner le fort couplage qui existe entre les phénomènes telluriques (les courants mantéliques) et la biosphère (l'ensemble des écosystèmes).Cette modification du 'visage de la terre',de la disposition des continents les uns par rapport aux autres,est fondamentale pour rendre compte des variations climatiques, de l'évolution biologique et de la spéciation.Les espèces végétales s'installent et la biodiversité végétale entraine la complexification de l'ensemble du monde vivant en raison de l'accroissement du nombre des niches écologiques.

    2. Biologie évolutive


    Nous avons vu au cours de ce bref panorama que la théorie de l'évolution est «composée» d'un ensemble de sous-théories (dont certaines sont inachevées) issue de diverses disciplines dont l'histoire naturelle (la théorie de la phylogénie),la paléontologie,la paléoclimatologie,l'histoire de la terre (dont la théorie de la dérive continentale),la biologie évolutive et qu'il faut prendre en compte l'approche structuro-fonctionnelle de la biologie fonctionnelle elle même constituée de nombreuses disciplines. C'est désormais à une théorie de l'évolution hiérarchique à laquelle il faut se référer.
    Processus d'hominisation
    «L'homme n'est pas sorti de l'état de nature,mais il a exploré avec succès une niche extrême:la culture

    La culture étant considérée comme un phénomène d'acquisition,de transmission et d'accumulation d'informations;elle se rapporte «à toutes pratiques ou état mental acquis ou modifié par le biais de l'apprentissage social».Cette culture a été rendu possible grâce à notre capacité à imiter.Ou présenté d'une autre manière,l'imitation est la condition nécessaire de la culture.Les découvertes paléo-anthropologiques (production d'outils,parures,enterrement des morts) situe notre capacité à imiter aux alentours de 40.000 ans av J-C.Il s'avère donc plus rentable de copier les idées et les comportements avantageux plutôt que de vivre seul et de les apprendre par soi-même au moyen de la pratique d'essai et de l'erreur.Mais le revers de la médaille est le «désir mimétique» puisque nous sommes aussi des êtres de désir.La culture serait ainsi une réponse adaptative aux besoin des êtres humains de survivre dans des environnements instables.
    Il est essentiel de noter que René Girard fait intervenir les concepts de 'désir mimétique' et de 'mécanisme' victimaire pour rendre compte des variabilités comportementales apparues dans le règne animal comme dans l'humanité primitive.Le mécanisme victimaire est selon lui la clé pour comprendre le franchissement du règne animal au règne humain aussi dénommé «le seuil de l'hominisation».
    Au moment où la «propension à la rage» est développée vers l'extérieur par un 'animal' qui s'arme de pierre et d'outils «il faut que cette même rage à l'intérieur soit de mieux en mieux maitrisée par ce même 'animal' confronté à des tâches familiales et sociales toujours plus délicates et absorbantes» (R.Girard 1978).
    Dans sa position face à l'hominisation René Girard nous explique que le désir mimétique engendre une volonté d'appropriation d'un objet provoquant ainsi une oeuvre de division et de conflit au sein de la tribu.Mais en même temps ce désir d'appropriation se transforme en antagonisme puisque chacun désir le désir de l'autre.Ainsi nait le chaos menant à la destruction de la société primitive que l'antagonisme va résoudre en rassemblant la communauté contre une victime expiatoire.Les formes sociales humaines contrairement aux formes animales ne proviennent pas directement des rivalités mimétiques;elles en proviennent indirectement par l'intermédiaire de la victime émissaire.Nous pouvons concevoir l'hominisation «comme une série de paliers qui permettent de domestiquer des intensités mimétiques toujours croissantes séparées les une des autres par des crises catastrophiques»;on conçoit aussi qu'à chaque palier des institutions plus élaborées aient favorisé une nouvelle avancée mimétique «laquelle entrainait une nouvelle crise et ainsi de suite en un mouvement spiraloïde qui humanisait de plus en plus l'anthropoïde».(R.Girard 1978)

    II. La Science et l'univers du pétaoctet


    L'évolutionnisme a un autre visage:la description même incomplète du passé nous incite maintenant à regarder vers le futur comme nous le montrent certains géologues qui envisagent le devenir de notre monde.Aujourd'hui nous sommes entrés dans «l'ère du numérique» et cela bouleverse nos perspectives.En effet il convient de s'interroger et de se demander si une «nouvelle science» émerge?Nous sommes désormais dans la phase paroxystique d'exploration culturelle:toutes nos pratiques sont tributaires des machines,des réseaux,des puissances calculatoires,des «nuages» ou des «grilles».Grâce aux progrès enregistrés, des problèmes anciens reçoivent des éclairages neufs. La puissance de calcul autorise désormais des simulations fines, ainsi que le traitement de grandes masses de données (de l'ordre du pétaoctet).Dans les sciences du vivant,par l’emploi d’ordinateurs les scientifiques travaillent à apporter des réponses encore plus précises sur l'évolution (familles de gènes,espèces) ou sur l'organisation du génome;ils envisagent aussi une simulation de tout ou partie du « programme génétique ».À titre d’illustration, certains biologistes parlent d’expériences in silico, qu’ils opposent aux expérimentations classiques in vivo et in vitro, pour évoquer les tests effectués sur ordinateurs, par sondage sur de grandes banques de données.Un travail collaboratif impliquant de très nombreux chercheurs constitue un «flux opérationnel» dont l'objectif est le séquençage biochimique des structures macromoléculaires ou le séquençage génétique . Alors que la recherche repose traditionnellement sur la construction d’une théorie et sa vérification par expérience et analyse de données, la science à l’âge du numérique semble vouloir se passer de la théorie: la puissance calculatoire peut désormais suffire à établir des corrélations entre les données et dégager des régularités statistiques.Certains scientifiques nous font remarquer que presque tous les domaines que nous avons évoquer tout au long de cette enquête utilisent déjà des flux de données extrêmement vastes, dont seuls les ordinateurs peuvent dégager des tendances invisibles à l’échelle de l’oeil humain.L'ère du pétaoctet se caractérise aussi par une observation satellitaire fine de notre planète:

    Une carte tentera de rendre compte de ce schéma complexe

    Cliquez sur l'image pour l'afficher


    Applet Flash pour naviguer dans la carte

    Pour compléter

    lundi 19 septembre 2011

    Enquête sur l'évolutionnisme (résumé)


    Résumé illustré des trois derniers messages

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    lundi 12 septembre 2011

    ENQUETE SUR L'EVOLUTIONNISME (suite)

    L'Homme dans un monde globalisé


    Ce n'est pas tant le principe de l'évolution qui pose problème mais plutôt l'ampleur de ses conséquences.Notre enquête se poursuit donc par un survol des théories actuelles qui visent à éclairer la société par le comportement des humains à la lumière d'observations contrôlées ainsi que d'expérimentations scientifiques rigoureuses menée dans le champ des sciences rectifiées par l'évolutionnisme.En effet celui-ci a très largement envahit le champ des disciplines sociales,économiques et comportementales comme nous allons le comprendre en illustrant ce récit de quelques exemples.

    I. L'agent naturel isolé



    Il existe au sein des milliers d'espèces vivantes une très grande variabilité des organismes.Dans l'espèce humaine cette variabilité affecte la morphologie,le comportement et les intentions.Le regard de l'évolutionniste doit se focaliser d'abord sur une variable (pour comprendre un phénomène complexe il procède par un découpage arbitraire):la sélection naturelle (concept central de l'évolution et qui peut prendre de nombreuses formes) nous conduit à formuler une évidence pour rendre compte de la variabilité:les traits ayant permis aux agents de survivre et de s'organiser se sont transmis héréditairement.On peut comprendre que pris isolément chaque agent ait put être doté d'un fort potentiel hérité lui permettant de faire face aux vicissitudes d'une existence rude.Pour analyser ce point en amont de l'espèce humaine,primatologues et éthologistes nous fournissent de précieuses informations.Dans le rêgne animal lorsque la rivalité se généralise,du fait de leur comportements mimétique,le groupe entre dans une spirale de violence qui s'achève généralement par la mise à mort de l'un d'entre eux.En observant les tribus de chimpanzés on constate un comportement dominateur visant à instaurer une hiérarchie entre les divers membres mais on observe aussi que les femelles manifestent une aversion pour l'abus de pouvoir des mâles qui eux ont une propension à en abuser. Concernant l'agent naturel en situation d'agir deux thèses s'affrontent :ce sont soit l'égoïsme soit l'altruisme qui expliquent les motivations de l'action.Passons brièvement en revue les arguments en faveur de l'une et de l'autre des deux thèses.
    L'égoïsme:
    la motivation est dirigées vers soi même pour chaque situation.Elle revendique l'absence de normativité et ne prend pas position sur les questions de morale.L'argument décisif des partisans de l'égoïsme psychologique est l'inconscient.L'introspection ne nous donnant pas accès à nos motifs les plus profonds.Il conviendrait ici de développer la problématique des instincts ou tendances comportementales innées et héritées qui viennent nuancer ou embrouiller les motivations.
    L'altruisme:
    1. l'altruisme biologique
    " L'altruisme a pour effet d'augmenter la fitness d'autrui au dépens de la fitness de l'individu qui développe ce comportement »
    2. l'altruisme comportemental
    « Un comportement est qualifié d'altruiste s'il coûte à l'agent,profite à d'autre personnes ou à la communauté en général et si l'agent ne peut pas bénéficier en retour de bénéfices ultérieurs ».
    Depuis de nombreuses années,le modèle de l'homo oeconomicus s'est trouvé critiqué en constatant que les gens ne se comportaient pas de la manière décrite par le modèle néo-classique.Les personnes ordinaires ne se comportent souvent pas en maximisateurs de leurs gains.La fameuse fonction d'utilité ne peut rendre compte de ce phénomène.
    3. l'altruisme psychologique
    « Une action est qualifiée d'altruiste si elle est le résultat d'une motivation dirigée vers les intérêts et le bien-être d'autrui (et non vers les propres intérêts et bien-être de l'agent) »(D. Batson cité par Ch. Clavien).Il faut donc avoir conscience d'autrui en tant qu'être différent de nous même et pour ce faire posséder une 'théorie de l'esprit' qui est une capacité à raisonner sur les états mentaux de ses congénères.
    Il est difficile de départager les deux camps en se cantonnant à cet argumentaire;certains spécialistes préconisent donc de distinguer les motivations et les neuro-physiologistes savent distinguer,au vue de la neuro-imagerie cérébrale,l'auteur de l'agent qui excécute l'action.Dés lors une motivation altruiste est « un chemin causal motivationnel déclenché par la prise de conscience d'un besoin d'autruit qui n'inclut aucune prise en compte de ces propres intérêts et bien-être. »(Ch.Clavien 2009).Il existe des sentiments de détresse et des sentiments de compassion.Seuls les sentiments de compassion enclencheront une action altruiste.Enfin iI y a de bonnes raisons d'affirmer que la sympathie ou la compassion soient un produit de l'évolution.

    II. L'homme en société



    La confiance:
    C'est une attitude qui permet d'éviter un perpétuel questionnement;en ce sens c'est le contraire de la défiance.Mais que sait-on de façon fiable sur la confiance? Est-elle une composante de la 'nature humaine' ? Pour les évolutionnistes qui apportent des réponses aux vues de la sélection naturelle,c'est en suivant leurs sentiments que la confiance s'est instaurée progressivement au sein de la famille primitive et non sous l'effet d'un calcul conscient.Même si notre passé est encore beaucoup plus violent que ne l'est notre présent c'est par la domestication de nos pulsions violentes conjointement à l'apparition de formes sociales d'émotion que la confiance s'est manifestée dans les tribus primitives.Au néolithique (environ 9000 ans avant notre ère) des formes de socialisation apparaissent (sédentarisation en groupe) ce qui laisse à penser que la confiance envers autrui est préférée à la méfiance,à la crainte et donc à une existence solitaire ou une vie d'errance.Si l'on suit l'arbre phylogénétique on constate que s'instaure chez les animaux (constaté dès la classe des poissons) un investissement parentale mâle (IPM) qui prendra chez les primates de l'importance pour finalement culminer chez les humains.Les femelles accordant spontanément plus leur confiance aux mâles qui présentent un IPM élevé.Et ce facteur renforce le poids de la sélection sexuelle dans l'adaptation d'une tribu à son environnement.
    Mais la théorie de l'évolution suggère que les organismes se sont livrés une compétition permanente pour assurer un 'leadership' au sein des tribus ou pour transmettre leurs gènes.La hiérarchie sociale et la compétition sexuelle font partie aussi de la 'nature humaine'.Les conduites programmées par l'évolution (pulsion sexuelles,peurs instinctives,dégout pour nos propres déchets), peuvent s'étendre à toute une classe de phénomènes : les émotions, les conduites sociales, les modes de communication, le raisonnement, les attitudes amoureuses ou le langage.Confiance et défiance seraient donc les deux aspects du comportement des organismes vivants reprenant ainsi en le complexifiant les 'taxies' formes de pulsions vitales gouvernées par des besoins élèmentaires.Mais si l'évolution construit des programmes de conduite très lentement,à l'échelle des dizaines de milliers d'années,notre équipement mental lui est toujours le même depuis des lustres  (Dortier 2004).Cela constitue-t-il désormais un obstacle ? Oui si l'on en croit les transhumanistes qui cherchent par tous les moyens à modifier les caractéristiques physiques et mentales de l'être humain en lui incorporant des nanomachines au prétexte d'améliorer sa condition initiale.
    La réciprocité
    Se caractérise par un délai entre les actions altruiste et un retour de service.Fait aussi partie de la 'nature humaine'.Nous donnons parce que nous savons que nous recevrons en échange.Mais malheur à celui qui trahit et la confiance et la régle du donnant-donnant.Par un étrange hasard les règles du « tit for tat » (le donnant-donnant) ont été étudié avec le secours......des ordinateurs.Ainsi que nous l'avons vu dans notre petit tour d'horizon précédent,c'est Axelrod qui a pu vérifier le bien fondé du « tit for tat » en organisant un jeu dont les concurrents étaient des petits programmes informatiques capables de se comporter,selon la légende, « comme des êtres vivant » ,c'est à dire capables de communiquer entre eux.C'est le programme de Rapaport - équipé du sous-module comportemental CRP (Coopération-Réciprocité-Pardon) qui a gagné.
    Précisons que le « tit for tat » est
    1. une stratégie évolutionnairement stable (SES) qui permet l'évolution de la coopération
    2. qu'il n'existe en conséquence pas d'autre stratégie pouvant l'envahir (et a fortiori la remplacer)
    Mais Axelrod a su critiquer les faiblesses de son modèle;il a rajouté une règle à savoir :«que la valeur d'une stratégie dépend totalement des normes en vigueur dans le voisinage».En l'espèce c'est un ordinateur qui constitue le voisinage expérimental.Si l'expérimentateur modifie les règles en autorisant des sorties ou de nouvelles entrées dans le groupe alors la force du «tit for tat» décline sensiblement pendant que croit le succès des «méchantes stratégies».

    III. Monde moderne et comportement coopératif



    Pratiquement la réciprocité fut mise en application dans les règles instituées par le GATT pour harmoniser les droits de douane entre les pays signataires et ce jusqu'à son remplacement par l'OMC en 1994.
    Le fait,que dans les sociétés de marchés modernes,les gens se font confiance,du moins le temps de mener à bien une affaire complexe,constituent une des raisons pour laquelle ces entreprises ont réussi à coopérer et à se coordonner dans un univers décentralisé caractérisé par la division des taches,clé du monde industriel.Ainsi,comme l'ont démontré certains auteurs,personne n'est aux commandes et pourtant je peux trouver tout ce dont j'ai besoin de façon quasi instantanée.Comment expliquer cela ?
    Les illusions du monde moderne
    En somme la culture (technique, sociale, et les apprentissages de toutes sortes) se grefferait sur des aptitudes (cognitives et émotionnelles) qui sont relativement stables et héritées de notre passé évolutif.Mais si les moeurs, les techniques, les sciences... évoluent à des rythmes rapides, les aptitudes intellectuelles comme les pulsions des humains, elles, restent stables au cours du temps. Comme nous l'avons vu précédemment notre cerveau est façonné par des millions d'années d'évolution.Cela justifie donc des 'ruses' comportementales tel que:
    a) le commerce des promesses
    Les risques d'être abusé étant grands pour les premiers commerçants il est étonnant,compte tenu du comportement des hommes des tribus,qu'un système d'échange entre étrangers ait pu voir le jour.On peut supposer que la raison (mais aussi le calcul) devinrent progressivement préférables à l'émotion et que la justice prit le dessus sur la vengeance.Il faudra cependant attendre l'invention de la monnaie (que certains datent du VII av.J.C) pour parler d'ébauche de commerce.
    b) les liens de la confiance monétaire
    La confiance est le mortier qui cimente la plupart des rencontres entre étrangers dans une société moderne.Par exemple un des éléments constitutifs de la confiance dans le système financier est que les banques non solvables doivent être fermées afin qu'elles ne captent pas les économies d'autres investisseurs.Mais les économies modernes ne dépendent pas uniquement des banques.Elles sont aussi le fait d'agents qui ont en plus un besoin de confiance dans l'avenir,un sens de la justice,la propension à se mettre en colère et à éprouver du ressentiment face à la trahison et bien d'autres caractéristiques
    c) le concept de classe dans l'univers des affaires
    Mais la confiance et la réciprocité pour importants qu'ils soient ne peuvent pas nous faire oublier que les êtres humains en groupe ont la capacité de manipuler aussi l'envie et la jalousie pour aboutir à leurs fins.Par exemple c'est en segmentant le marché en classes arbitraires que cet objectif est atteint.En effet inclure dans une classe c'est en même temps exclure tous les autres provoquant ressentiments,honte,convoitise.Il en est ainsi pour certains produits destinés à une élite:tous ceux qui espèrent en faire partie sont prêts à payer le prix ;c'est la cas du marché des magazines de mode:«une publication de classe n'est rien d'autre qu'une publication qui s'adresse à des gens partageant des préoccupations ou des goûts communs. L'objectif d'une telle publication est d'attirer tous les lecteurs appartenant à cette classe et d'exclure tous les autres.» (1913,Condé Nast , 'Vogue').Inutile de rappeler que ce modèle initial s'est très largement diffusé au cours du XX ème siècle.

    Vous avez dit 'EVOLUTION' ?


    Nous rappelons que l'évolution est différentiation.
    L'interdépendance dans la différence est le principe évolutionniste majeur.
    Différenciation et interdépendance impliquent l'apparition d'évènements inédits qui entrent en résonance et/ou qui sont le produit d'une résonance (ex :les émotions altruistes)
    Après Blaise Pascal (« tous les hommes se haïssent naturellement l'un l'autre »[fr 243],de nombreux intellectuels ont cédé au pessimisme et prôné la défiance ou tout au moins ont conseillé de ne pas faire confiance à leurs semblables.Dans le prolongement de cet état d'esprit certain ont voulu imposer l'idée selon laquelle une espèce s'est constituée uniquement sur la descendance des plus aptes;or l'altruisme biologique contredit cette affirmation puisque certaines espèces sont le résultat d'une chute de la 'fitness' d'un certain nombre de leurs membres.
    La 'vision-tunel' inhérente au monde moderne se caractérise par la division du travail,acteur majeur du succès industriel.A l'opposé pour appréhender l'évolutionnisme c'est à un travail synthétique,une forme de quête unitaire poussant à coordonner de multiples approches auquel nous sommes conviés.Ainsi en 2011 de vastes zones restent inexplorées et il serait bien excessif de penser que toutes les conséquences de l'évolutionnisme sont définitivement réglées.

    Pour compléter


    J.F Dortier:ISBN2-912601-21-5
    Paul Seabright:ISBN 978-2-940427-12-3
    Christine Clavien:ISBN 978-2-311-00049-8

    Dans l'actualité sur le web


    Confiance et autorité dans le monde d'aujourd'hui:Un monde sans confiance

    mercredi 8 juin 2011

    Enquete sur l'évolutionnisme (suite)


    EVOLUTIONNISME ECONOMIQUE 



    Le point de vue évolutionniste prend en considération ce qui est en train d'advenir et non ce qui est achevé:l'évolution est toujours dirigée vers le futur et ce qui est cyclique revient invariablement identique à lui même.
    A cause de cela on distingue deux types d'évolutions continues:
    1. l'évolution monotone qui traduit des modifications de la caractéristique considérée dans un sens constant;il peut exister cependant des phases d'accélération ou de décélération.
    2. l'évolution périodique qui traduit des modifications de la caractéristique considérée la faisant passer,avec une période constante ou variable,par des mêmes états.
                                                                    *
                                                                  *  *
    I ) L'évolution en économie
    Au fil du temps la pensée économique s'est enrichit de nombreux concepts et de multiples courants.Un double clivage dans l'histoire de la pensée économique permet de distinguer quatre approches :
    1. approche réelle
    2. approche monétaire
    (résultent de deux façons différentes d'envisager le rôle de la monnaie dans une économie marchande)
    1. micro-économie (allocation des ressources,prix relatif,répartition - approche fondée sur l'équilibre général walrasien)
    2. macro-économie (emploi,monnaie,activité économique - approche fondée sur l'équilibre global keynésien)



    Ce n'est qu'aprés un certain temps de latence de la pensée économique,temps nécessaire à la diffusion et à la critique de son formalisme,que le débat sur l'évolutionnisme économique est lancé avec la publication en 1911 des théses de Schumpeter: "Théorie de l'évolution économique".Pour cet économiste,parfois qualifié d'hétérodoxe,ce qui caractérise l'évolution économique c'est le processus d'innovation.On regroupe en général les innovations en deux catégories : les innovations de produit et les innovations de procédé. L'acteur central de ces dernières est l'entrepreneur.Dans la conception de Schumpeter, l'entrepreneur incarne le pari de l'innovation, thèse qu'il développa en particulier dans une ré-édition de la Théorie de l'évolution économique en 1913 .Pour Schumpeter, le profit est la sanction de l'initiative créatrice des risques pris par l'entrepreneur. Cette conception est contraire aux économistes classiques qui faisaient du profit la contrepartie des efforts productifs (capital et travail) de l'entrepreneur."Cette conception est également contraire à celle, marxiste, qui place l'origine du profit dans la confiscation de la plus-value, c'est-à-dire l'appropriation d'une partie du fruit du travail des salariés par le rentier-capitaliste "(wikipédia).L'évolution est ainsi décrite comme une succession de variations continues,des dynamiques technologiques qui impliquent des choix préférentiels;mais les discontinuités introduites par l'innovation peuvent aboutir à des déséquilibres.
    En fait,historiquement,depuis la fin du XIX éme siécle les économistes des théories managériales se sont interrogés sur les capacités qu'ont les entreprises à réaliser des calculs d'optimalité dans un environnement en perpétuelle évolution.Progressivement l'évolutionisme est ainsi devenu un paradigme à l'origine,en autre,de l'économie évolutionniste.



    L'évolutionnisme en économie
    (pour consulter le tableau I suivre le lien ci-dessus)
    Quelques remarques concernant le tableau I:
    1. Dans la colonne 'acteurs économiques' le terme individus est suivi d'un (?);celà fait allusion au précédent article qui insistait sur l'ambiguïté de ce terme dans un contexte évolutionniste;l'individu apparaissant comme le terme générique applicable à l'unité de la sélection propre à n'importe quel niveau hiérarchique. Dans un contexte économique les entités sélectionnées peuvent être soient des 'agents économiques' soient des 'consommateurs' soient même des 'organismes' ou des ensembles (dèmes ou populations).Cependant Th.Veblen définit la personne assujéti à des règles comme un agent individuel (il fait donc référence implicitement à l'agent économique).Alors que K.MArx avait,en son temps,définit l'individu comme "produit de la société",comme "propriétaire de marchandise"ou "fraction déterminée de l'unité sociale".De même il fut,semble-t-il,à l'origine d'une tendance qui pressent que les individus s'objectivent en des valeurs:"l'individu est socialement un nombre".[Marx & Engels 1848 ].Plus recemment (1998) R.Lucas envisageait de concevoir (ou de modéliser) un individu comme une collection de règles de décision et " un ensemble de préférences utilisé pour évaluer les résultats qui émergent de combinaisons particulières de situation-action”.
    2. Ce tableau met également en évidence l'inhomogénéité des procesus de sélection ce qui a pour conséquence de balayer un large spectre de réponses.Les processus de séléction en économie évolutionniste sont ainsi tributaires de l'histoire,de la finance,de la logique,des contraintes organisationnelles et/ou de la concurence.
    3. Dans la colonne 'type d'évolution ' le progrès de la société par les règles évoque le débat instructionnisme/sélectionnisme.Par exemple,de façon concrète dans l'économie numérique,les entreprises ont considérablement modifié les processus d'échanges de données avec la mise en oeuvre de la technologie 'Web service'.Le modèle client/serveur s'est trouvé transformé par l'emploi de règles (ressources/services) plus abstraites et autorisant en autre l'interopérabilité.
    De même la co-évolution évoque un processus spécifique formant une boucle en perpétuelle rétro-action.



    Terminologie:quelques concepts évolutionnistes communs aux biologistes et aux économistes
    • Le flux :Concept apparaissant dès les premières formalisations économiques et assimilant les activités humaines à des flux de revenus et de dépenses.F.Quesnay (1674-1774) envisageait les relations économiques non pas entre des individus mais entre des classes et les rapports entre ces classes qui se font par le biais des dépenses;il a donc analysé la circulation monétaire de la société (1758 'le tableau économique' de Quesnay).La division opérationnelle des flux initiée par Forrester (1961) fut une école de pensée managériale qui a insisté sur l'importance du champ des représentations au sein de l'entreprise et qui joue un rôle important dans la mise en place des systèmes experts d'entreprise.Le flux a été ensuite décliné en une "théorie du circuit" ou en une "théorie monétaire".G.Delaplace (2009) distingue trois aspects communs au concept de flux:
    1. La théorie de la production:la détermination du niveau d'activité globale et des autres grandeurs macro-économiques n'est pas indépendante de la façon dont les paiements sont organisés;"dans une économie moderne,la création de monnaie s'opére dans une relation de crédit entre le système bancaire et les entreprises."(G.Delaplace)
    2. La théorie de la répartition:on suppose ici une hiérarchie spécifique entre les groupes basée sur l'accés à la monnaie."L'accés à la monnaie discrémine les groupes d'agents:les banques la produisent,les firmes l'obtiennent pour financer la production,y compris le paiement des salaires aux ménages".(G Delaplace)
    3. La théorie de la coordination:la monnaie fournit un lien social dans une économie où les décisions individuelles ne sont pas coordonnées et "la circulation monétaire détermine en même temps la taille de chaque agent économique" (G.Delaplace)
    • La croissance :c'est une variation positive (en terme mathématique) de la production sur une période donnée.Certaines conséquences de la croissance provoquent des effets pervers sur l'environnement (pollutions) ainsi que sur la société (accentuation des inégalités sociales).L'évolution économique pouvant ainsi se révéler contraire ou hostile à l'évolution biologique.C'est là un des débat central de l'évolutionnisme contemporain.Pour certains il faut faire la distinction entre croissance et progrès.Pour d'autres la croissance constitue un processus qui s'auto-entretient à travers le progrès technologique.Pour Schumpeter, les innovations apparaissent par « grappes », ce qui explique la cyclicité de la croissance économique.Ainsi,en économie,cycle et croissance sont liés.
    • Les cycles:période de répétition d'un phénomène périodique, les cycles caractérisent la vie biologique,la vie économique et sociale.
    1. Aux cycles de vie correspond des alternances cytologiques ou des alternances morphologiques.La biosphère abritant elle-même une variété de cycles:ceux de l'eau,de l'oxygène,du carbone,de l'azote.
    2. En économie les théoriciens reconnaissent l'existence de fluctuations cycliques.Les cycles économiques ont été définit par Schumpeter (1939) qui distinguait les cycles de long terme (40 à 50 ans) dits de Kondratieff, les cycles de moyen terme (6 à 10 ans) dits de Juglar et enfin les cycles de court terme (quelques mois) dits de Kitchin.
    L'approche évolutionniste nous permet de toucher du doigt le degré d'interdépendance des phénomènes cycliques qui se conditionnent mutuellement.De plus l'approfondissement de la connaissance des cycles économiques induit une réflexion en termes d'équilibre ou de deséquilibre sur un ou plusieurs marchés.
    • L'équilibre: peut être 'partiel' chez Marshall ou 'général' chez Walras.
    1. L'équilibre partiel marshallien postule que la relation entre le prix et la quantité d'un bien est établi sur un marché en prenant comme paramètre les prix et les quantités d'équilibre de tous les autre biens.
    2. L'équilibre général walrasien postule que les prix et les quantités d'équilibre de tous les biens sont des inconnues dont les valeurs sont déterminées simultanément.Conséquence:il y a impossibilité d'avoir un déséquilibre sur le marché quand tous les autres sont à l'équilibre.
    • la richesse:Pour les biologistes la richesse est synonyme de bio-diversité.Les économistes se préoccupent de la création de richesses et de leurs répartitions.
    • Les réplicateurs:c'est à un biologiste que l'on doit me semble-t-il la meilleur définition d'un terme qui joue un role important dans un contexte évolutionniste:"un réplicateur fait que l'environnement dans lequel il se trouve en fabrique une copie (david Deutsch)”.Cette définition s'enrichit en économie d'une formulation mathématique:la loi de Fisher.



    Structuralisme:Principe selon lequel des idées sont associées à d'autres idées et semblent former des ensembles cohérents exactement à la façon dont les parties morphologiques sont souvent corrélées les unes aux autres.Le tableau 2 résume ce principe en comparant économie et biologie.



    Approche structuraliste de l'évolutionnisme
    (pour consulter le tableau II suivre le lien ci-dessus)

    II ) Les principaux champs de l'économie évolutionniste .

    Au delà de quelques concepts communs,la biologie et l'économie partagent-elles d'autres affinités ? A cette question les analystes économico-évolutionnistes ont leur propre point de vue.Il convient de distinguer au moins trois types de réponses qui visent toutes à mieux cerner le comportement des agents face à leur environnement :

    1. L'analyse quantitative des relations entre croissance et innovation

    Le tableau I nous a donné toute la richesse de l'approche du phénomène évolutionniste en économie.Les derniers développements vont insister sur les possibilités de formaliser quantitativement les hypothèses.On ne peut sous-estimer l'impact de ces travaux à l'heure de l'émancipation de l'économie de la connaissance.Pour ce courant c'est la firme et son potentiel d'innovation qui est le moteur de l'évolution.Les modèles évolutionnistes sont batis sur un socle commun:l'importance des conditions initiales et le caractère cumulatif de la technologie.On distinguera donc:
    • les travaux mettant l'accent sur la codification des connaissances accélérant les processus d'innovation (Soete & Ter Well 1999).
    • les travaux mettant l'accent sur la notion de réplicateurs de Fisher (1930) et ré-utilisés par l'économiste J.S Metcalfe (1992).Ce réplicateur (ou loi de Fisher) établit que,dans une population de firme,la croissance des aptitudes moyennes de ces dernières est proportionnelle à sa variance et donc,par définition,que le développement de ces aptitudes ne peut être que positif ou nul.

    1. Phénomènes d'apprentissage et de changement au sein des entreprises:les routines organisationnelles .

    C'est un domaine que nous avons déjà évoqué ci-dessus à propos de la 'division opérationnelle des flux' qui insiste sur les différentes phases de l'entreprise:
    • la phase physique des objets concrets (marchandises,outils,biens d'équipement,espèces monétaires).
    • La phase abstraite:ensemble des symboles et signes représentant les objets concrets.Elle se partage les décisions implicites des émetteurs et des effecteurs.
    • La phase psychologique où sont prises les décisions.

    N.Lazaric et coll approfondissent la réflexion sur les routines:« Les routines évoluent selon diverses pressions internes ou externes et créent des points focaux sur lesquels les membres de l'organisation se mettentd'accordpour organiser leur travail ou leur activité. »(Lazaric 2010).Il convient donc de distinguer:
    • l'émergence d'une mémoire procédurale au sein de la firme à travers la motivation des acteurs (Lazaric & Denis 2005)
    • la consolidation et mise en place à travers le rôle structurant d'un système expert (Lazaric,Mangolte & Massue 2002)
    • un modèle de simulation d'une production de connaissances dans le cas de la trêve ou du conflit (Lazaric & Raybaut 2005).La pression hiérarchique sur les groupes étudiés est modélisée par une équation.

    Notons,enfin,qu'au sein du courant de la sociologie des organisations,le rôle de la compétition est couplé avec la dynamique des populations (modélisée en écologie par les équation de Lotka-Volterra connues pour formaliser la croissance en fonction d'une quantité limité de ressources).


    1. La modélisation des interactions

    C'est un domaine riche en questionnement car il permet de comparer les méthodes de modélisation des interactions chez les biologistes et les économistes.Mais les problèmes soulevés nous immergent dans le monde de la compléxité.Parmis les chefs de file de ce courant il faut citer:
    • Maynard Smith Pour comprendre son point de vue il faut se souvenir de la tendance au « durcissement «  de la théorie synthétique de l'évolution à l'époque où cet ingénieur en aéronautique conceptualisait les interactions entre organismes ainsi que les comportements sociaux.Maynard Smith insiste sur les processus d'adaptation dans la mesure où l'évolution naturelle ne « connait pas l'optimisation des caractéristiques vitales des espèces ».Le modèle de Maynard Smith rejoint le courant des jeux évolutionnaires et la stratégie évolutivement stable.
    • R.Axelrod.Par certains aspects de son travail il se rapproche de 'l'économie de don',par d'autres il se situe dans la continuation de la sociobiologie.Axelrod est connu pour ses travaux multiples sur l'altruisme et les stratégies 'donnant-donnant'.Aprés avoir testé le programme de Rapaport (coopération-réciprocité-pardon) il usa des algorithmes génétiques pour simuler la coopération et la défection (1997).Dans ces conditions les résultats montrent que si une population entiére coopère,en utilisant la stratégie du « donnant-donnant » aucun mutant ne pourra perturber l'équilibre,même s'il fait toujours défection.Par contre un mutant isolé appliquant la stratégie du « donnant-donnant »,ne pourra à lui seul remettre en cause l'équilibre initial d'une population faisant toujours défection.


                                                                    *
                                                                  *  *


    Ainsi les analystes qui ont cherché à présenter les analogies ou les métaphores biologiques utilisées par les économistes ont tous relevé certaines ambiguïtés concernant les comportements adaptatifs des agents.En particulier il est conseillé de distinguer dans les comportements:
    • ceux qui sélectionnent
    • ceux qui adaptent dans le but d'améliorer
    • ceux qui optimise depuis le début.
    La nouvelle version de la théorie de l'évolution, « la théorie hiérarchique de l'évolution »,crée par S.J. Gould (1999) & coll se distingue des précédentes par les perspectives hiérarchiques entre niveaux opérationnels et pourrait être prise en considération pour mieux appréhender l'interopérabilité des structures économiques,pour les modélisations des interactions au sein des entreprises ou pour les études prospectives dans le domaine socio-économique.Mais dans le contexte actuel de l'architecture orientée service, du 'cloud computing',l'évolutionnisme permet de nous placer dans une attitude transdisciplinaire où le problème n'est pas tant de chercher des analogies mais bien de trouver des outils scientifiques efficaces pour aborder le système technique contemporain.

                                                                                                                                            [à suivre ….]
    Pour compléter l'étude :