lundi 19 septembre 2011

Enquête sur l'évolutionnisme (résumé)


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lundi 12 septembre 2011

ENQUETE SUR L'EVOLUTIONNISME (suite)

L'Homme dans un monde globalisé


Ce n'est pas tant le principe de l'évolution qui pose problème mais plutôt l'ampleur de ses conséquences.Notre enquête se poursuit donc par un survol des théories actuelles qui visent à éclairer la société par le comportement des humains à la lumière d'observations contrôlées ainsi que d'expérimentations scientifiques rigoureuses menée dans le champ des sciences rectifiées par l'évolutionnisme.En effet celui-ci a très largement envahit le champ des disciplines sociales,économiques et comportementales comme nous allons le comprendre en illustrant ce récit de quelques exemples.

I. L'agent naturel isolé



Il existe au sein des milliers d'espèces vivantes une très grande variabilité des organismes.Dans l'espèce humaine cette variabilité affecte la morphologie,le comportement et les intentions.Le regard de l'évolutionniste doit se focaliser d'abord sur une variable (pour comprendre un phénomène complexe il procède par un découpage arbitraire):la sélection naturelle (concept central de l'évolution et qui peut prendre de nombreuses formes) nous conduit à formuler une évidence pour rendre compte de la variabilité:les traits ayant permis aux agents de survivre et de s'organiser se sont transmis héréditairement.On peut comprendre que pris isolément chaque agent ait put être doté d'un fort potentiel hérité lui permettant de faire face aux vicissitudes d'une existence rude.Pour analyser ce point en amont de l'espèce humaine,primatologues et éthologistes nous fournissent de précieuses informations.Dans le rêgne animal lorsque la rivalité se généralise,du fait de leur comportements mimétique,le groupe entre dans une spirale de violence qui s'achève généralement par la mise à mort de l'un d'entre eux.En observant les tribus de chimpanzés on constate un comportement dominateur visant à instaurer une hiérarchie entre les divers membres mais on observe aussi que les femelles manifestent une aversion pour l'abus de pouvoir des mâles qui eux ont une propension à en abuser. Concernant l'agent naturel en situation d'agir deux thèses s'affrontent :ce sont soit l'égoïsme soit l'altruisme qui expliquent les motivations de l'action.Passons brièvement en revue les arguments en faveur de l'une et de l'autre des deux thèses.
L'égoïsme:
la motivation est dirigées vers soi même pour chaque situation.Elle revendique l'absence de normativité et ne prend pas position sur les questions de morale.L'argument décisif des partisans de l'égoïsme psychologique est l'inconscient.L'introspection ne nous donnant pas accès à nos motifs les plus profonds.Il conviendrait ici de développer la problématique des instincts ou tendances comportementales innées et héritées qui viennent nuancer ou embrouiller les motivations.
L'altruisme:
1. l'altruisme biologique
" L'altruisme a pour effet d'augmenter la fitness d'autrui au dépens de la fitness de l'individu qui développe ce comportement »
2. l'altruisme comportemental
« Un comportement est qualifié d'altruiste s'il coûte à l'agent,profite à d'autre personnes ou à la communauté en général et si l'agent ne peut pas bénéficier en retour de bénéfices ultérieurs ».
Depuis de nombreuses années,le modèle de l'homo oeconomicus s'est trouvé critiqué en constatant que les gens ne se comportaient pas de la manière décrite par le modèle néo-classique.Les personnes ordinaires ne se comportent souvent pas en maximisateurs de leurs gains.La fameuse fonction d'utilité ne peut rendre compte de ce phénomène.
3. l'altruisme psychologique
« Une action est qualifiée d'altruiste si elle est le résultat d'une motivation dirigée vers les intérêts et le bien-être d'autrui (et non vers les propres intérêts et bien-être de l'agent) »(D. Batson cité par Ch. Clavien).Il faut donc avoir conscience d'autrui en tant qu'être différent de nous même et pour ce faire posséder une 'théorie de l'esprit' qui est une capacité à raisonner sur les états mentaux de ses congénères.
Il est difficile de départager les deux camps en se cantonnant à cet argumentaire;certains spécialistes préconisent donc de distinguer les motivations et les neuro-physiologistes savent distinguer,au vue de la neuro-imagerie cérébrale,l'auteur de l'agent qui excécute l'action.Dés lors une motivation altruiste est « un chemin causal motivationnel déclenché par la prise de conscience d'un besoin d'autruit qui n'inclut aucune prise en compte de ces propres intérêts et bien-être. »(Ch.Clavien 2009).Il existe des sentiments de détresse et des sentiments de compassion.Seuls les sentiments de compassion enclencheront une action altruiste.Enfin iI y a de bonnes raisons d'affirmer que la sympathie ou la compassion soient un produit de l'évolution.

II. L'homme en société



La confiance:
C'est une attitude qui permet d'éviter un perpétuel questionnement;en ce sens c'est le contraire de la défiance.Mais que sait-on de façon fiable sur la confiance? Est-elle une composante de la 'nature humaine' ? Pour les évolutionnistes qui apportent des réponses aux vues de la sélection naturelle,c'est en suivant leurs sentiments que la confiance s'est instaurée progressivement au sein de la famille primitive et non sous l'effet d'un calcul conscient.Même si notre passé est encore beaucoup plus violent que ne l'est notre présent c'est par la domestication de nos pulsions violentes conjointement à l'apparition de formes sociales d'émotion que la confiance s'est manifestée dans les tribus primitives.Au néolithique (environ 9000 ans avant notre ère) des formes de socialisation apparaissent (sédentarisation en groupe) ce qui laisse à penser que la confiance envers autrui est préférée à la méfiance,à la crainte et donc à une existence solitaire ou une vie d'errance.Si l'on suit l'arbre phylogénétique on constate que s'instaure chez les animaux (constaté dès la classe des poissons) un investissement parentale mâle (IPM) qui prendra chez les primates de l'importance pour finalement culminer chez les humains.Les femelles accordant spontanément plus leur confiance aux mâles qui présentent un IPM élevé.Et ce facteur renforce le poids de la sélection sexuelle dans l'adaptation d'une tribu à son environnement.
Mais la théorie de l'évolution suggère que les organismes se sont livrés une compétition permanente pour assurer un 'leadership' au sein des tribus ou pour transmettre leurs gènes.La hiérarchie sociale et la compétition sexuelle font partie aussi de la 'nature humaine'.Les conduites programmées par l'évolution (pulsion sexuelles,peurs instinctives,dégout pour nos propres déchets), peuvent s'étendre à toute une classe de phénomènes : les émotions, les conduites sociales, les modes de communication, le raisonnement, les attitudes amoureuses ou le langage.Confiance et défiance seraient donc les deux aspects du comportement des organismes vivants reprenant ainsi en le complexifiant les 'taxies' formes de pulsions vitales gouvernées par des besoins élèmentaires.Mais si l'évolution construit des programmes de conduite très lentement,à l'échelle des dizaines de milliers d'années,notre équipement mental lui est toujours le même depuis des lustres  (Dortier 2004).Cela constitue-t-il désormais un obstacle ? Oui si l'on en croit les transhumanistes qui cherchent par tous les moyens à modifier les caractéristiques physiques et mentales de l'être humain en lui incorporant des nanomachines au prétexte d'améliorer sa condition initiale.
La réciprocité
Se caractérise par un délai entre les actions altruiste et un retour de service.Fait aussi partie de la 'nature humaine'.Nous donnons parce que nous savons que nous recevrons en échange.Mais malheur à celui qui trahit et la confiance et la régle du donnant-donnant.Par un étrange hasard les règles du « tit for tat » (le donnant-donnant) ont été étudié avec le secours......des ordinateurs.Ainsi que nous l'avons vu dans notre petit tour d'horizon précédent,c'est Axelrod qui a pu vérifier le bien fondé du « tit for tat » en organisant un jeu dont les concurrents étaient des petits programmes informatiques capables de se comporter,selon la légende, « comme des êtres vivant » ,c'est à dire capables de communiquer entre eux.C'est le programme de Rapaport - équipé du sous-module comportemental CRP (Coopération-Réciprocité-Pardon) qui a gagné.
Précisons que le « tit for tat » est
1. une stratégie évolutionnairement stable (SES) qui permet l'évolution de la coopération
2. qu'il n'existe en conséquence pas d'autre stratégie pouvant l'envahir (et a fortiori la remplacer)
Mais Axelrod a su critiquer les faiblesses de son modèle;il a rajouté une règle à savoir :«que la valeur d'une stratégie dépend totalement des normes en vigueur dans le voisinage».En l'espèce c'est un ordinateur qui constitue le voisinage expérimental.Si l'expérimentateur modifie les règles en autorisant des sorties ou de nouvelles entrées dans le groupe alors la force du «tit for tat» décline sensiblement pendant que croit le succès des «méchantes stratégies».

III. Monde moderne et comportement coopératif



Pratiquement la réciprocité fut mise en application dans les règles instituées par le GATT pour harmoniser les droits de douane entre les pays signataires et ce jusqu'à son remplacement par l'OMC en 1994.
Le fait,que dans les sociétés de marchés modernes,les gens se font confiance,du moins le temps de mener à bien une affaire complexe,constituent une des raisons pour laquelle ces entreprises ont réussi à coopérer et à se coordonner dans un univers décentralisé caractérisé par la division des taches,clé du monde industriel.Ainsi,comme l'ont démontré certains auteurs,personne n'est aux commandes et pourtant je peux trouver tout ce dont j'ai besoin de façon quasi instantanée.Comment expliquer cela ?
Les illusions du monde moderne
En somme la culture (technique, sociale, et les apprentissages de toutes sortes) se grefferait sur des aptitudes (cognitives et émotionnelles) qui sont relativement stables et héritées de notre passé évolutif.Mais si les moeurs, les techniques, les sciences... évoluent à des rythmes rapides, les aptitudes intellectuelles comme les pulsions des humains, elles, restent stables au cours du temps. Comme nous l'avons vu précédemment notre cerveau est façonné par des millions d'années d'évolution.Cela justifie donc des 'ruses' comportementales tel que:
a) le commerce des promesses
Les risques d'être abusé étant grands pour les premiers commerçants il est étonnant,compte tenu du comportement des hommes des tribus,qu'un système d'échange entre étrangers ait pu voir le jour.On peut supposer que la raison (mais aussi le calcul) devinrent progressivement préférables à l'émotion et que la justice prit le dessus sur la vengeance.Il faudra cependant attendre l'invention de la monnaie (que certains datent du VII av.J.C) pour parler d'ébauche de commerce.
b) les liens de la confiance monétaire
La confiance est le mortier qui cimente la plupart des rencontres entre étrangers dans une société moderne.Par exemple un des éléments constitutifs de la confiance dans le système financier est que les banques non solvables doivent être fermées afin qu'elles ne captent pas les économies d'autres investisseurs.Mais les économies modernes ne dépendent pas uniquement des banques.Elles sont aussi le fait d'agents qui ont en plus un besoin de confiance dans l'avenir,un sens de la justice,la propension à se mettre en colère et à éprouver du ressentiment face à la trahison et bien d'autres caractéristiques
c) le concept de classe dans l'univers des affaires
Mais la confiance et la réciprocité pour importants qu'ils soient ne peuvent pas nous faire oublier que les êtres humains en groupe ont la capacité de manipuler aussi l'envie et la jalousie pour aboutir à leurs fins.Par exemple c'est en segmentant le marché en classes arbitraires que cet objectif est atteint.En effet inclure dans une classe c'est en même temps exclure tous les autres provoquant ressentiments,honte,convoitise.Il en est ainsi pour certains produits destinés à une élite:tous ceux qui espèrent en faire partie sont prêts à payer le prix ;c'est la cas du marché des magazines de mode:«une publication de classe n'est rien d'autre qu'une publication qui s'adresse à des gens partageant des préoccupations ou des goûts communs. L'objectif d'une telle publication est d'attirer tous les lecteurs appartenant à cette classe et d'exclure tous les autres.» (1913,Condé Nast , 'Vogue').Inutile de rappeler que ce modèle initial s'est très largement diffusé au cours du XX ème siècle.

Vous avez dit 'EVOLUTION' ?


Nous rappelons que l'évolution est différentiation.
L'interdépendance dans la différence est le principe évolutionniste majeur.
Différenciation et interdépendance impliquent l'apparition d'évènements inédits qui entrent en résonance et/ou qui sont le produit d'une résonance (ex :les émotions altruistes)
Après Blaise Pascal (« tous les hommes se haïssent naturellement l'un l'autre »[fr 243],de nombreux intellectuels ont cédé au pessimisme et prôné la défiance ou tout au moins ont conseillé de ne pas faire confiance à leurs semblables.Dans le prolongement de cet état d'esprit certain ont voulu imposer l'idée selon laquelle une espèce s'est constituée uniquement sur la descendance des plus aptes;or l'altruisme biologique contredit cette affirmation puisque certaines espèces sont le résultat d'une chute de la 'fitness' d'un certain nombre de leurs membres.
La 'vision-tunel' inhérente au monde moderne se caractérise par la division du travail,acteur majeur du succès industriel.A l'opposé pour appréhender l'évolutionnisme c'est à un travail synthétique,une forme de quête unitaire poussant à coordonner de multiples approches auquel nous sommes conviés.Ainsi en 2011 de vastes zones restent inexplorées et il serait bien excessif de penser que toutes les conséquences de l'évolutionnisme sont définitivement réglées.

Pour compléter


J.F Dortier:ISBN2-912601-21-5
Paul Seabright:ISBN 978-2-940427-12-3
Christine Clavien:ISBN 978-2-311-00049-8

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